Le Vaudou
Le vaudou est une religion originaire de l'ancien royaume du Dahomey et qui s’est répandue largement au Bénin et au Togo, comme dans le célèbre marché des féticheurs à Lomé.
Les esclaves originaires de cette région d'Afrique répandirent le culte vaudou aux Caraïbes et en Amérique ce qui explique qu’on le retrouve sous différentes formes à Cuba, en Haïti, au Brésil ou aux États-Unis.
Mais bien avant l'Amérique, le vaudou s'est répandu en Afrique du Nord par les esclaves amenés par les anciennes dynasties qui ont traversés l'histoire de cette région.
On le retrouve jusqu'à nos jours sous différentes formes, dont la plus connue reste le Gnawa ou Gnaoua au Maroc et en Algérie, où il s’est mélangé au folklore religieux arabo-musulman.
Vaudou désigne l'ensemble des dieux ou des forces invisibles dont les hommes essaient de se concilier la puissance ou la bienveillance.
Il est l'affirmation d'un monde surnaturel, mais aussi l'ensemble des procédures permettant d'entrer en relation avec celui-ci et sert de culte à l'esprit du monde de l'invisible.
Culture ou philosophie ?
C’est une culture, un héritage, une philosophie, un art, des danses, un langage, un art de la médecine, un style de musique, une justice, un pouvoir, une tradition orale et des rites.
Il signifie "esprit", religion dont les origines sont clairement identifiées comme chamaniques. Il compte 50 millions de pratiquants dans le monde avec les déportations de populations noires en tant qu'esclaves et se caractérise par des sacrifices d'animaux, les morts vivants et la pratique de sorcellerie et sorts sur des poupées à épingles, pratiques par lesquelles il s'est étendu à l'Amérique et aux iles des Caraïbes et notamment Haïti.
L'exercice de la culture était interdite par les colons et passible de mort ce qui obligeait à pratiquer en secret à l'instar des Marranes en Espagne et des premiers Chrétiens dans l'empire romain.
Cependant, pour continuer d'exister, le Voodoo a intégré les rites et conceptions catholiques, le rendant ainsi acceptable pour donner naissance au "Voodoo chrétien". Dans les années 1950, le Vatican a fait la paix avec le culte Voodoo.
Les percussions et mélodies Voodoo sont mêmes intégrées dans les cérémonies et messes dans les églises catholiques.
Mawu doit se traduire par « ce que nul ne peut atteindre » ou encore « l'inaccessible ».
Persécution et inaccessibilité
Ce n'est donc pas une « personne »mais une entité. Ce qui explique qu'il n'y ait nulle part dans l'aire du vaudou un culte pour Mawu. On ne fait que le remercier et le glorifier.
Il est bienveillant envers toutes les créatures dans un panthéon fait d'une multitude d’esprits, des dieux inférieurs, pouvant entrer en communication et même collaborer avec les humains.
Ils se matérialisent dans des objets inanimés de la nature, tels des pierres et des arbres de là, la qualification de "rituel animiste" que plusieurs appliquent au vaudou. Il y a un intermédiaire messager des dieux, assimilé, dans le vaudou syncrétiste haïtien, à Saint Pierre, qui détient les clefs du Paradis et de l'Enfer.
Dans le Vaudou il n'y a pas les concepts de paradis et d'enfer mais le dieu le plus important est le dieu des croisements, le dieu de la réflexion qui forme avec la divinité Fa un couple porteur de la pédagogie.
La religion Vaudou a longtemps été réprimée et diabolisée par des clichés, des lieux communs et des fantasmes. Ainsi, lorsque l'on dit s'inspirer du Vaudou, on retrouve souvent satanisme, cannibalisme, sorcellerie, envoûtements et destructions...
L'objet représentant le mieux cette perception du vaudou est la poupée vaudou, instrument magique de torture. Il constitue un mélange de préjugés et d'inspirations réalistes.
Ces caractéristiques ont des relations étroites avec le chamanisme dans lequel le sacrifice et la relation au sang, fluide vital par excellence, sont fondamentaux dans les rituels.
L’ordre des choses terrestres repose sur la circulation de la force vitale véhiculée par le sang dont la fonction est ambivalente comme souillure, purification et pollution, maladie et guérison.
Le sang est violence extrême et alliance durable via le pacte du sang. Son versement peut s’effectuer sous les deux formes opposées de la tradition et de la transgression par la sorcellerie. Les chamans communiquent avec les dieux, et le monde surnaturel en général, comme tous les hommes le faisaient pendant l’Age d’Or, avant la Faute et la Chute.
Le temps mythique
L’expérience chamanique équivaut à une restauration du temps mythique primordial et le chaman apparaît comme un être privilégié qui retrouve, pour son compte personnel, la condition heureuse des l’humanité à l’aube du temps.
Les chamans répètent ce que les premiers hommes (mythiques) faisaient à l’aube des temps : monter au ciel et redescendre sur terre, communiquer avec les dieux et les esprits.
Est-ce en raison de l’alliance avec le christianisme que des relations étroites ont été établies entre les Haïtiens privilégiés qui veulent faire élever leurs enfants dans le monde occidental et l’aspiration des plus jeunes à se frotter à la culture de l’occident et à l’enseignement qui y est donné ?
Comme nombre de religions, le vaudou est l’objet de persécutions ce qui le rapproche d’autres cultes rejetés en raison de leur différence avec celui en vigueur chez la majorité des habitants du pays.
Le chamanisme fait des emprunts non négligeables aux autres cultes, rituels et religions ce qui lui procure un air de parenté avec les religions du Livre, nettement plus proches aux yeux et oreilles des Européens.
écrit par Herbert Geschwind (mediapart.fr)